Malgré son acuité visuelle, c’est pourtant avec une série télé que Daredevil s’est fait une place auprès du grand public. Adaptation imparfaite mais fidèle, la série puise parmi les plus grands récits du personnage.

De son premier numéro à ses comics actuels, le justicier de Hell’s Kitchen a écumé nombre d’artistes. Et depuis sa relance en 1998, le personnage ne cesse de multiplier les récits marquants. Un guide de lecture s’impose afin de tisser les liens entre ces différentes périodes et vous présenter les histoires les plus marquantes sur le personnage.

Chaque entrée de ce dossier constitue une période marquante et un point d’entrée possible pour commencer à lire des comics Daredevil.

I – DAREDEVIL, DU JAUNE AU ROUGE (1963-1998)

II – LE DAREDEVIL MODERNE (1998 – AUJOURD’HUI)

III – LES RECITS INDEPENDANTS

I – Daredevil, du jaune au rouge (1963-1998)

1 – Daredevil par Stan Lee et Bill Everett

daredevil intégrale

Pour les férus de vieux comics, les passionnés qui cherchent à explorer les premiers pas du personnage, les intégrales VF (ou Epic Collection en VO) sont des étrangetés qui pourraient vous plaire. En 1963, Stan Lee et Bill Everett installent une situation familière avec les personnages principaux dès le premier numéro. Foggy Nelson et Karen Page épaulent déjà Matt Murdock. Ces premières aventures présentent également toute une ribambelle d’antagonistes : Gladiator, The Owl, Purple Man ou encore Stilt Man.

Dans ces premières aventures, Daredevil emprunte plus au catcheur qu’au justicier sombre et torturé. On retrouve Wally Wood au dessin, puis, à partir de 1966, Gene Colan devient l’artiste principal sur le titre Daredevil. Il marque de son emprunte le personnage avec le rouge vif, son sens du drame et ses nombreux plans très proches du personnage. Son travail influencera cette transition vers une forme plus sombre et torturée. Il a travaillé régulièrement sur le personnage jusque 1973. période scénarisée par Stan Lee puis Roy Thomas, Gerry Conway et Steve Gerber. Autrement dit, le haut du panier du Marvel des années 60/70.

Et ensuite ?

Les intégrales mènent vers les années 70 avec des périodes (pas encore couvertes en VF) scénarisées par Chris Claremont, Marv Wolfman, puis Jim Shooter. Ces différents auteurs vont explorer d’autres directions avec le personnage. Ils vont tenter de varier les aventures en l’emmenant vers la science-fiction ou le fantastique. Daredevil s’opposera à des créatures mythologiques ou autres éléments associés à l’étrange.

On pourrait croire que le héros se perd. Dans les faits, il se cherche. Le titre progresse vers une approche urbaine et humaine où Daredevil est dépassé par les pouvoirs de ses ennemis. Le héros s’empare d’une approche gothique, rappelant à plusieurs reprises la Gotham des années 50. C’était sans compter sur Roger McKenzie et Frank Miller pour revoir les fondations du personnage à partir de 1979 et plonger toujours plus dans l’obscurité.

2 – The Man Without Fear : Roger McKenzie et Frank Miller (1979 – 1983)

Daredevil Frank Miller

Le véritable renouveau de Daredevil se trouve ici. Le run de Frank Miller sur Daredevil est sans conteste le point d’entrée idéal dans l’univers de Daredevil. Frank Miller apporte au personnage une lecture plus sérieuse laissant présager le fameux Dark Age. En avance sur son temps, ce run va installer tous les éléments qui font le personnage d’aujourd’hui. Miller lui offre son ennemi juré avec Wilson Fisk, jusqu’alors ennemi de Spider-man. Il instaure une relation amoureuse avec sa création, Elektra, premier modèle de la Bad Girl. Et il développe un univers urbain singulier avec l’influence japonaise et l’organisation de La Main.

Miller revisite les origines de Matt Murdock avec son arc L’Homme sans peur. Murdock devient plus qu’un enfant accidenté. Son parcours prend du sens et impacte grandement son état d’esprit. La réécriture de ses origines vient modifier le héros qu’il est actuellement. Le run de Miller est d’un commun accord, le run à lire de l’histoire de Daredevil.

3 – Typhoid & co : Ann Nocenti et John Romita Jr. (1986 – 1991)

daredevil ann nocenti romita jr

Le passage du géant Frank Miller a laissé des traces importantes dans l’univers de Daredevil. Et lorsqu’il a quitté le titre définitivement en 1986 avec Born Again, aucun auteur ne souhaitait subir la comparaison. Daredevil se retrouvait orphelin.

Ce sera l’éditrice de la série, Ann Nocenti, qui écrira le titre, malgré elle. Nocenti va rencontrer de nombreuses difficultés pour trouver un dessinateur. Barry Windsor Smith, Todd McFarlane, Sal Buscema, Keith Pollard, Rick Leonardi, tous passeront le temps d’un à trois numéros. Jusqu’à ce que Nocenti trouve John Romita Jr et son style brutal pour poursuivre sur la lancée de Miller.

Nocenti ne partait pas gagnante, mais elle a su rapidement trouver l’équilibre entre le respect de l’auteur précédent et apporter sa propre identité à son run. En effet, la scénariste revient à l’étrangeté et au fantastique des 70s. Daredevil affrontera Dents de Sabre, Ultron mais aussi Blackheart et Mephisto. Le run de Nocenti marque également l’apparition d’un nouveau personnage d’importance dans l’univers de Daredevil : Mary Typhoïde.

Et ensuite ?

daredevil lee weeks

Ensuite, le titre est repris par le scénariste Dan Chichester en 1991. Le début du run annonce une excellente reprise, dans la continuité de Miller et Nocenti, avec Daredevil : La Chute du Caïd (disponible en VF aux éditions Semic). L’histoire est illustrée par le brillantissime Lee Weeks. Le début du run sonne donc comme un épilogue, un troisième volet à la saga Daredevil allant de surprise en surprise.

Mais ensuite, la qualité du titre décline énormément. Le personnage se laisse influencer par une période exagérément sombre et après Daredevil Renaissance (Top BD 38 et 39 en VF), le personnage tourne le dos à tout ce qui constituait son univers et ne parviendra pas à s’en remettre avant 1998. Une décennie à éviter.

Laisser un commentaire