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Qui oserait dire non à une suite aux séries animées Batman des années 90 ? Qui plus est, écrite par cet excellent duo qu’est Alan Burnett et Paul Dini. Dans une vague de nostalgie, DC Comics a lancé plusieurs projets de la sorte pour raviver la flamme chez de jeunes fans devenus adultes : Superman 78, Batman 89, Batman 66. Mais parmi ces titres, l’élu était sans conteste Batman The Adventures Continue. Pas de chance, le résultat est loin d’être à la hauteur de nos attentes.

De la version comics à la version animée

batman azrael animated

Le cœur du problème entretenu par le titre réside dans le concept général des histoires racontées. Le duo de scénaristes Alan Burnett et Paul Dini se repose sur de l’adaptation d’histoires populaires autour de l’univers de Batman. Vous aurez donc le plaisir de voir ici une version DCAU (DC Animated Universe) de Sous le Masque Rouge, La Cour des Hiboux ou encore Knightfall.

Ca fait rêver, n’est-ce pas ? Malheureusement, vous serez bien loin d’être véritablement satisfait. Les histoires racontées ici sont pour le moins expéditives. Vous croiserez un Ergo avec une mention rapide de la Cour. Vous verrez la rencontre entre Batman et Azrael, sans que Bruce Wayne n’ait le dos brisé. Un comble ! Le résultat nous laisse clairement penser que quitte à adapter un comics en comics d’une version animée aussi aseptisée, mieux vaut se tourner vers les comics originels.

Batgirl Animated

S’il ne s’agit « que » des grandes lignes, on pourrait très bien se contenter de références à ces récits populaires. Mais la grande faiblesse de ce titre est toute autre : les connexions à l’univers animé se retrouvent extrêmement limitées. Les scénaristes décident d’importer les grands événements de l’univers Batman dans cette version animée, sans qu’il n’y ait jamais de conséquence. En somme, l’univers animé n’évolue pas. Il ne profite aucunement des histoires qu’il « adapte ». Ce titre fait donc l’exact opposé de l’excellent run de Dan Slott sur Batman : Gotham Adventures qui proposait une véritable extension à la série animée.

Batman The Fan-Service Continue

A l’origine web-comics, on y apercevait certains détails soignés qui faisait terriblement plaisir aux fans les plus attentifs : les couvertures hommages, les crédits aux allures des écrans-titres des épisodes de l’époque. Et le rapport aux séries animées ne s’arrête pas là, évidemment. Certaines histoires comportent des références plutôt précises, preuve s’il en fallait de la maîtrise des scénaristes de leur univers.

Jason Todd Joker Animated Version

Lorsqu’un tel soin du détail se fait remarquer, comment est-il possible de balayer aussi facilement la continuité de l’univers traité ? Tout ceci laisse penser que le soin n’est qu’une question d’apparence, toujours pour soutenir une forme de fan-service, sans véritablement se soucier du contenu.

Et le fait le plus marquant reste l’histoire d’un personnage aussi important pour l’univers animé que Mr. Freeze. Si vous vous souvenez de son évolution dans la série animée, vous savez que ce personnage connait un développement tragique. Ses apparitions comptent parmi les meilleurs épisodes, jusqu’à faire l’objet du second film, Batman : Subzero. L’univers animé a apporté un point final aux motivations de ce personnage. Paul Dini et Alan Burnett font complètement abstraction de l’évolution du personnage pour le faire revenir avec les mêmes motivations. Pour quelle raison ? Pour que Batman lui jette dans les bras le cadavre de sa femme d’un coup de pied. La grande classe.

Pâles copies d’eux mêmes

Batman Luthor Animated Adventures

Difficile de trouver une autre explication à ces histoires faciles et aux dialogues naïfs que de jouer sur des designs et du merchandising. En parallèle de la publication de ces histoires, DC a sorti plusieurs vagues d’action figures. Ces produits se sont concentrés sur ces personnages jamais vu en version animé jusqu’alors : Deathstroke, Jason Todd, Azrael, Deadman, Talon.

On arrive alors au problème de l’esthétique et du design. Si les figurines se vendent déjà extrêmement cher (la spéculation, vous savez), force est d’avouer que le design de ces nouveaux personnages est très peu inspiré. On y retrouve certaines inspirations précises et incohérentes. Jason Todd ressemble pour beaucoup à Tim Drake lors de sa première apparition. Azrael reprend trait pour trait la figurine de la collection Batman The Animated Series conçue dans les années 90. Deathstroke n’est qu’une pâle copie épurée de son design le plus classique. La cohabitation de ces différents visuels semble déjà bien compliquée. Mais ce n’est pas tout.

Plus problématique encore. Deadman, Huntress et Lex Luthor optent pour leur design issu de Justice League Unlimited. Ce qui vient créer un léger souci dans la coexistence de ces versions, puisque le Batman de Justice League a un autre design, marquant son évolution et un certain retour en solo. Ce qui fait que cette série est un générateur de paradoxes qu’on ne peut absolument pas considérer comme étant canonique, mais simplement comme un fan-service abusif.

Batman Alfred

Même si l’on ferme les yeux sur ces incohérences et cette écriture extrêmement légère, ces deux albums sont également très loin d’être un plaisir pour les yeux. Ty Templeton est un artiste passionnant qui a pu démontrer à plusieurs reprises son talent. Il était le maître en la matière pour adapter les séries animées en comics dans les années 90 et 2000, et son travail sur ces albums est très décevant.

L’encrage est souvent trop fin. Les décors sont toujours absents. Mais surtout, et c’est bien ce qui faisait sa force auparavant, les plans choisis ne présentent aucune sensation. On se retrouve avec des illustrations visant à transmettre une information sans se préoccuper d’une beauté de la forme ou de la transmission d’une émotion. Et sans émotion, difficile de faire preuve d’implication dans l’histoire.

Tous les éléments étaient réunis afin de livrer une suite d’anthologie, à ce qui est pour bon nombre d’entre nous, la meilleure série animée DC. Mais le constat est très décevant. Nous faisons face à une copie foireuse des comics Batman à succès de ces 25 dernières années.

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