En 2002, Hawkman allait être sous le feu des projecteurs. Voilà quelques années que le titre JSA avait trouvé son succès, chapeauté en tandem par Geoff Johns et David Goyer. Ce sursaut chez DC à l’aube du nouveau millénaire a lancé de grandes idées chez les éditeurs, comme un nouvel âge d’or en perspective. Ainsi, Hawkman, personnage créé en 1940, entamait sa quatrième série et marquait un point de rencontre entre de grands noms de l’industrie actuelle.
Découvrir Hawkman : Le point d’entrée idéal
A l’origine, Geoff Johns pensait simplement réintroduire Hawkman à travers le titre JSA. L’idée a plu à l’éditeur. DC Comics y voit une opportunité à saisir. De fil en aiguille, le titre trouve une place dans le catalogue DC Comics pour 2002. Le retour du personnage va rapidement prendre de l’importance. DC Comics met en avant le personnage en 2000 avec l’annonce de Legend of the Hawkman et d’une réédition de ses premières aventures avec l’album Hawkman Archives.
Pour soutenir ce projet, Peter Tomasi, alors éditeur chez DC Comics, pense à James Robinson pour écrire Hawkman. Le scénariste profite d’une certaine renommée pour son excellent run sur Starman et a déjà collaboré avec Geoff Johns. Mais ce sera finalement Geoff Johns qui s’occupera du titre, sous la tutelle de James Robinson. Aux dessins, on trouvera des noms désormais connus avec Rags Morales (Identity Crisis) ou encore Patrick Gleason (Aquaman, Batman & Robin). Tous y livrent un travail fabuleux.
Si ces noms rassurent aujourd’hui, à l’époque, il s’agissait surtout de jeunes talents. Geoff Johns n’était qu’un petit nouveau dont la création majeure, Stargirl, avait tout de même séduit une fanbase grandissante. Hawkman va devenir un modèle de réussite dans sa série de succès futurs. On connait le scénariste pour ses points d’entrée fameux dans l’univers d’Aquaman, Flash ou encore Green Lantern. Mais Hawkman a été le premier et certainement le plus complexe.
Car pour lire le run de Geoff Johns et James Robinson sur Hawkman, aucun pré-requis n’est nécessaire. Les auteurs vont apporter, petit à petit, les informations essentielles, pour ensuite rentrer progressivement dans les détails. La lecture est pleinement accessible, malgré la quantité d’informations sur le personnage, en plus de se montrer très qualitative.
Hawkman & ses vies antérieures
Hawkman est assurément l’un des personnages les plus complexes à comprendre de l’univers DC. Il possède non pas une, mais plusieurs origines. Geoff Johns et James Robinson réussiront avec brio à présenter une facette sensible de Hawkman sans omettre ses vies passées.
Car l’intérêt principal du personnage réside dans son vécu. Celui des années 40, mais également la version Hawkworld, et sa vie antérieure liée au western, Nighthawk. Geoff Johns laisse la place à James Robinson pour gérer l’écriture d’histoires complètes. Elles s’incrustent dans la série, comme pour un espace dans lequel respirer entre deux arcs à l’action intense.
Une histoire légère, à priori déconnectée de l’intrigue principale. Et pourtant, tout se lie à une même thématique. Car toutes les vies passées de Hawkman reposent sur sa propre origine, sur ce qui le caractérise : une réincarnation motivée par l’amour qu’il porte à sa moitié, Sheira.
L’homme sous le casque
Les scénaristes posent les bonnes questions, à commencer par l’identité de l’homme sous le casque. Hawkman n’est finalement qu’un torse nu, au-dessus duquel le casque symbolise la réincarnation. Un casque qui use d’un corps dont il cache le visage. Il le dépossède de son identité. Sur ce point, on peut voir le sort de son fils – devenu le Dr Fate à cette époque – comme une destinée particulièrement ironique.
De cet éveil, Geoff Johns et James Robinson vont faire intervenir différents personnages (Green Arrow, Atom, Dr. Fate) pour réfléchir la relation amoureuse entre les deux protagonistes. Au fil des rencontres, Hawkman va faire évoluer sa relation avec Hawkgirl, qu’il croit être la réincarnation de Sheira. Or, Hawkgirl refuse de croire en cette histoire de réincarnation.
Nous ne parlons pas du même amour
Il ne s’agit pas véritablement de Sheira, mais de Kendra. Cette jeune femme porte en elle un trauma, lié à son passé et n’adopte le nom de Hawkgirl que dans un but précis. Leur relation se limite à celle de partenaires, au grand regret du héros.
Kendra renie son passé et ne croit pas en cette histoire de réincarnation. Hawkman tente de lui faire entendre raison, quitte à se montrer très insistant. Or, cet amour n’est qu’un reflet du passé. Il n’est plus. Et Hawkman n’arrivera pas à passer à autre chose, car pour lui cet amour est acquis depuis toujours. Et pour la première fois, cet amour lui résiste. A moins que cet amour ne soit perdu.
Geoff Johns et James Robinson viennent remettre en question la conception de l’amour chez Hawkman, aveuglé par cette prophétie. L’évolution de la relation sort des codes de la romance super-héroïque. Elle montre Hawkman en dehors de cet aspect du guerrier, plus sensible qu’il n’y paraît face à ce qui ressemble, pour beaucoup à une rupture amoureuse que le héros peine à accepter.
Il n’est pas un simple barbare de série B ou un archéologiste extra-terrestre. Le lecteur suit un héros définit par son casque et son arme et perdu dans son rôle de justicier. Hawkman va construire son identité en tant que Carter Hall. Il va tenter de vivre autrement pour ne plus se définir uniquement par la conception de l’amour réincarné et destiné.