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Superman a récemment révélé – encore une fois – son identité au monde entier. Brian M. Bendis a mis fin à cette frontière entre Clark Kent et Superman, devenue une blague aux yeux de tous depuis des dizaines d’années. Notre ère moderne signe-t-elle la fin de l’identité secrète chez les super-héros ?

I – Pas de super-héros sans identité secrète

II – La fin d’une époque ?

I – Pas de super-héros sans identité secrète

L’identité secrète est associée au super-héros depuis sa création, sans quoi il ne serait qu’un simple surhomme. Et c’est là toute la différence entre l’appropriation d’un mythe et la création d’un super-héros. La double identité va construire tout un profil chez le personnage. Le héros est une personne du quotidien, qui accepte le monde.

L’identité secrète : une question de sens

La double identité présente une forme d’humilité et de tolérance pour le héros. Malgré ses pouvoirs, le super-héros accepte la difficulté de la vie et du travail. Se constitue ici son honneur d’être social. Son emploi est rattaché à son activité bénévole de super-héros qu’il soit reporter, avocat ou photographe. Généralement, on remarque un lien entre son activité professionnelle et la caractérisation de son alter-ego. Le jeune photographe sera le héros sympathique, décomplexé. L’avocat appliquera une justice rude, quitte à se faire bourreau des criminels.

Une variante existe avec les milliardaires (Oliver Queen, Bruce Wayne, Tony Stark). Leur entreprise leur permet de se faire super-héros. De grand patron, il se fait défenseur de valeurs politiques variant selon le personnage. On remarque aussi une dégradation du titre de milliardaire. Car si il se cache chez des travailleurs exerçant un métier commun, leur masque leur offre une identité unique, des capacités spectaculaires. Lorsqu’il enfile son armure, Tony Stark devenait son propre garde du corps.

Batman révèle son identité au meurtrier de ses parents, Joe Chill dans Batman #47

Dans un cas comme dans l’autre, le super-héros est fabriqué grâce à l’identité secrète. Et celle-ci se justifie encore aujourd’hui par des valeurs liées à la justice et à la défense des plus faibles.

Batman comme Green Arrow suivent une politique différente, et optent pour une action sociale. S’ils diffèrent sur bien des points, ils agissent pour le bien commun, pour le bien social. Chez Oliver Queen, il s’agit là de l’héritage de Robin des Bois, voler aux plus riches pour donner aux plus pauvres. Associer à l’étiquette de super-héros, et à ces valeurs politiques et sociales, il agit pour les plus démunis malgré son statut de milliardaire.

Durant le Golden Age, Batman est Bruce Wayne. Il se construit ce masque, ce costume par vengeance. Jamais il n’est hanté par ce masque, ni ce rôle de justicier. Être Batman n’est qu’un jeu de détective, un besoin d’aventure. Ces mêmes sensations recherchées par le lecteur. C’est à dire, une enquête, de l’aventure, et de l’action.

L’identité secrète n’est à l’origine qu’un jeu. Clark Kent est l’empoté de service, cachant à Lois Lane qu’il est Superman. Jeu amoureux créé de toute pièce pour deux raisons. Une tension dramatique autour d’une éventuelle relation, mais surtout une identification à l’une des deux personnalités. Là où Superman est le symbole de la puissance américaine, Clark Kent est le portrait généralisé du bureaucrate moyen. Pourquoi un être venu d’ailleurs, qui plus est avec une telle puissance, s’infligerait une condition humaine, dont son pire ennemi, Lex Luthor, tente de sortir ? L’identité secrète est un fardeau, pour le surhomme comme pour l’homme.

Batman Incorporated : Leviathan Strikes #1

Bruce Wayne est souvent représenté comme un façade, une obligation nécessaire pour conserver l’existence de Batman. Grant Morrison trouve un moyen d’échapper à ce fardeau en créant Batman Incorporated, impliquant activement Bruce Wayne dans l’activité de justicier, à une échelle mondiale.

Tout est une question d’image. La double identité du super-héros est le lien créé entre le lecteur et la figure héroïque. Cette double identité fait office d’intermédiaire auquel s’identifie le lecteur. Plus qu’un stéréotype chez le super-héros, il s’agit bien d’un fardeau qui reflète de nombreuses valeurs chez lui, et renforce l’identification. Si bien que certains personnages ne peuvent se défaire de leur identité civile, tant celle-ci impacte l’écriture de leur double.

Que serait Spider-man sans Peter Parker ? Que serait Daredevil sans Matt Murdock ? Que serait Green Arrow sans les moyens financiers de Oliver Queen ?

Pour une double identification

Dans les années 60, Stan Lee mise énormément sur une identification rapide du lecteur en lui présentant le super-héros dans ses rues New-Yorkaises, à travers différents caractères. Elle a constitué le fer de lance de chez Marvel et continue aujourd’hui dans les comics Spider-man actuels de Nick Spencer et Ryan Ottley.

L’identité secrète est ce qui fait de Miles Morales un Peter Parker moderne. Peter Parker ayant perdu tout ce jeu d’identité secrète pour devenir un simple super-héros affilié aux Avengers, Miles Morales est un jeune héros plus terre à terre qui a su attirer à travers Spider-man : Into the Spider-verse. Il conserve, tant bien que mal, son action à petite échelle. Il reste, malgré ses 7 années d’existence, très attaché au contexte et au thème familial. Des thèmes desquels Peter Parker s’est grandement détaché avec le run de Dan Slottau point de diviser les fans, preuve qu’il s’agit d’un caractère d’importance pour Spider-man.

Pour l’un comme pour l’autre, le masque est utilisé afin de protéger ses proches. Une pensée quasi-propre à l’adolescent. Il vit dans le secret. Il agit toujours en pensant faire le bien, et est attaché au cercle familial. Spider-man touche chacun d’entre nous. D’autant plus avec ses variations actuelles. Il cible désormais l’enfant, le lycéen,tout comme l’adulte. Des variations qui ont fait la force du film animé sorti il y a peu.

Nous possédons chacun des responsabilités, un rôle à endosser pour devenir courageux. Voilà ce que sous-entend l’identité secrète ! Notre passage, à tous, de quelqu’un de normal à quelqu’un de fort. Une force tirée de nos valeurs et notre bon sens pour éviter de faire courir aux autres, les risques que nous encourons volontairement. Mais sous ces valeurs se cache la peur.

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