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I – Black Panther : Création et divagations

II – Du héros au symbole

III – Quand la Panthère a trouvé sa lutte


Quand la panthère a trouvé sa lutte

Jack Kirby : le retour tardif

En 1977, le premier numéro de Black Panther par Jack Kirby est enfin publié. L’auteur et dessinateur de légende souhaitait depuis bien longtemps travailler sur le personnage et pensait, depuis Fantastic Four #52 en 1966, réaliser la série régulière destinée au personnage.

black panther jack kirby

Seulement, entre temps, Jack Kirby avait claqué la porte pour partir chez la concurrence, la faute à un manque de considération de la part de Stan Lee. Reste à se demander si Black Panther aurait toujours été Black Panther avec Jack Kirby aux commandes. Jack Kirby avait cet engouement pour les luttes sociales, mais ses numéros réalisés sur Black Panther présentent avant tout une sorte de Kamandi adulte dans un univers mêlant science-fiction et décors africains aux couleurs chatoyantes.

Exit tout le développement du Wakanda et le dirigeant soucieux de son peuple. Adieu lutte sociale et engagements liés au pouvoir. Malgré tout ce que nous devons à Jack Kirby, Black Panther n’aurait jamais été cette icône populaire actuelle sans l’engagement de Don McGregor, ni le dessin somptueux de Rich Buckler.

En 1974, Jack Kirby avait trouvé avec Black Panther un nouveau terrain de jeu où il s’adonne à des récits de science-fiction farfelus. Mais son éditeur, Jim Shooter, désapprouvait ces comics. Ils étaient pleinement déconnectés de la continuité Marvel. Et Shooter voyait d’un mauvais œil Jack Kirby et ses caprices créatifs.

Sans prévenir, Shooter retire Kirby de l’affaire. Jim Shooter conclue lui-même l’intrigue qu’avait lancé Jack Kirby dans Black Panther #13 pour laisser une nouvelle équipe créative reprendre le titre et livrer quelque chose de plus terre à terre.

Il suffisait d’un lien…

Ed Hannigan et Jerry Bingham arrivent tous deux sur Black Panther #14. L’objectif était de ramener T’Challa aux Etats-Unis et de le connecter à cette tradition du super-héros américain.

black panther 15 couverture

Dans cette volonté de faire de Black Panther un super-héros répondant aux codes traditionnels, Jim Shooter n’a fait que participer à l’intégration d’une icône politique au sein de l’univers Marvel.

Car le scénariste pose, dès les premières pages de ce numéro les grandes questions autour du Wakanda. Qu’en est-il de ce pays futuriste au beau milieu du continent africain ? T’Challa se retrouve au centre de toutes les attentions et de toutes les ambitions des grands de ce monde. Intègre, il refuse toutes les propositions et demande conseil aux Vengeurs, menés par Captain America, séparant l’action politique aux symboles et héros censés les représenter.

Ainsi, T’Challa reste profondément marqué par son retour au Wakanda lors du run de Don McGregor. En le prenant ainsi en considération, Ed Hannigan renoue avec la lecture diplomatique du personnage, faisant du héros, non seulement un Vengeur, mais aussi un roi.

Toute cette lecture, et ce symbole du Black Power va prendre son sens et s’affirmer avec la mini-série Black Panther de 1988 de Peter B. Gillis (Strange Tales) et Denys Cowan (Hardware). T’Challa se retrouve tiraillé par son envie d’agir face à la haine raciale, entre une réaction violente et l’envie de montrer l’exemple à travers une action pacifique.

Mais l’histoire s’exécute avec plus de sagesse encore. Ce désir de violence s’illustre par l’esprit de la Panthère. Elle quitte T’Challa pour rejoindre les victimes de ces violences et en faire des bêtes donnant raison aux oppresseurs. Au Wakanda, T’Challa n’a plus aucune autorité aux yeux de son peuple, l’esprit de la panthère l’ayant quitté.

Le roi doit être en accord avec lui-même pour guider son peuple dans la bonne direction. Il doit comprendre leur colère et leur désir de vengeance, sans pour autant y céder. Il doit dompter cette force de la nature pour que son peuple montre l’exemple. Ainsi, T’Challa devient un modèle pour son peuple, mais également pour le lecteur, spectateur de sa lutte intérieure.

Depuis, l’image du dirigeant ne le quitte plus, même s’il oscillera entre deux caractérisations distinctes dans son parcours : le roi du Wakanda et le héros urbain initié par Christopher Priest.

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