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Petite révélation parmi les publications récentes, Naomi est une création moderne et ingénieuse des scénaristes Brian M. Bendis et David Walker et du dessinateur Jamal Campbell. Rappelez-vous en 2018, l’éditeur à deux lettres martelait fièrement dans toutes ses publications « Bendis is Coming« . Cette opération de communication était censée rappeler à quel point DC Comics avait su ramener chez eux l’un des grands esprits de la concurrence. Et si le travail de Bendis chez DC est des plus discutables, Naomi se hisse parmi les meilleurs. Une création bien pensée et en accord avec son temps, comme Bendis a toujours su bien le faire.

Naomi : Héroïne de sa propre vie

Comics Naomi Jamal

Naomi est une jeune adulte. Elle a ses amis, sa famille, dans une petite ville loin de tout. Mais surtout, elle a été adoptée. La faute à ce passé trouble, elle vit avec cette zone d’ombre qui la tourmente. Ce trait singulier va développer chez elle une forme de passion pour le symbole qu’est Superman. Elle va mettre en avant cette idée de super-héros venu d’ailleurs parvenu à se faire accepter d’une planète entière. Naomi se reconnait à travers les interventions du héros qu’elle guette. Et une rencontre très brève avec l’homme d’acier va finir par lui donner l’impulsion nécessaire pour lui donner l’envie de retrouver l’identité de ses parents biologiques.

Si l’enquête d’une jeune fille adoptée recherchant ses parents biologiques peut sembler anodine dans le monde de la BD américaine, Naomi puise son originalité dans l’univers DC. Bendis et David Walker profitent de tout un pan inutilisé par DC depuis une dizaine d’années pour agrémenter leur récit et donner de la matière à leur personnage. Si les grandes lignes sont évidentes, les scénaristes parvient à nous surprendre avec de petites précisions qui raviront les fans de l’univers DC et provoquera un sentiment de découverte chez les néophytes.

Naomi, plus qu’une simple copie

Superman Naomi

Vendue comme une petite série limitée uniquement portée par les noms de Bendis, Naomi mérite cet accueil chaleureux qui lui a été réservé. Cependant, le personnage ne reçoit pas que de bonnes appréciations. Avec un Brian M. Bendis saccageant l’univers de Superman, Naomi a vite été comparée à une copie concurrente de Miles Morales. Et s’imaginer qu’il ne s’agisse que d’une comparaison liée à la couleur de peau serait fermer les yeux sur les véritables liens qu’entretiennent les deux personnages. Car c’est avant tout un rapport au milieu urbain et à la vie réelle qui est mis en avant. Miles comme Naomi entretiennent ce thème de la famille, de l’union malgré les différences.

On pourrait croire qu’il s’agisse d’un ersatz aux yeux du scénariste. Mais là où Miles Morales est une version modernisée de Spider-man, Naomi est une création originale pleinement inspirée par le grand symbole super-héroïque et un produit de tout l’univers DC. Naomi est un bouillon de références. Une création aux motivations personnelles et intimement liée à des éléments de l’univers DC.

Tout ceci procure à l’histoire cette sensation de voir, naturellement, une nouvelle héroïne naître. Un personnage loin de ces super-héros conçus à la chaine comme avait tenté de le faire l’éditeur en 2016 avec The New Age of DC Heroes. Qui plus est avec un personnage qu’on apprend à connaître progressivement et de plus en plus attachant.

Une histoire en longues phrases et aux couleurs chaleureuses

Naomi Bendis Comics

Pour autant, Naomi n’est pas un titre exempt de défauts. Bendis reste ici dans une zone de confort et il en reste une impression de déjà vu. L’originalité du titre a bien ses limites. Outre cette zone de confort, le scénariste conserve cette tendance à écrire des dialogues à rallonge. Très verbeux, des scènes tirées en longueur, le scénariste nous présente beaucoup trop d’informations en un laps de temps très court. Et lorsque ce n’est pas le cas, il entretient ce réflexe de générer des dialogues rarement pertinents.

Ces quelques défauts, rarement étouffants pour autant, sont balayés par les sublimes pages de Jamal Campbell. Révélé sur le titre Power Rangers aux côtés de Kyle Higgins, Jamal Campbell s’est surtout construit une réputation chez DC Comics avec Far Sector. Avec des personnages aux traits arrondis et aux grandes yeux, le dessin se veut particulièrement expressif et apporte cet aspect familial, soutenu par des couleurs pastels chaleureuses. Et cette chaleur ne nuit en rien aux épisodes sombres et intenses du récit. Jamal Campbell propose des angles complexes, joue avec les perspectives et la démesure de certains personnages. Une petite merveille.

Naomi est sans conteste une mini-série à découvrir. Avec un unique volume actuellement et un rythme de parution particulièrement lent, vous trouverez avec Naomi une histoire indépendante, accessible à tous, et touchante.

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