Objet sacré de l’affaire désormais classée du Bat-Penis circoncis, la polémique Batman Damned atteint les côtes françaises. Urban Comics a su jouer la comunication et faire saliver les foules avec Lee Bermejo à la Paris Comic Con. Heureusement, le pire reste à lire.
Beauté trompeuse
Batman Damned est une foutue chimère, dont l’aura du duo gagnant Lee Bermejo et Brian Azzarello cachent un récit difforme. Une sale chimère, mais une chimère magnifique. Avec ce nouveau titre du Black Label, Lee Bermejo devait travailler sur un format plus grand, et plus large. L’artiste a profité de ce format pour expérimenter et changer sa manière de faire.
Voilà la véritable raison du succès de Batman Damned ! Cette oeuvre vous invite au premier regard. Les cases sont plus larges, elles s’étendent et vous charment.
Au cœur de ce nouveau format et de cette expérimentation, l’artiste se surpasse. Déjà impressionnant avec ses collaborations précédentes, il semblait avoir atteint son summum avec Batman Noel.
Batman Damned est un moyen de travailler ses personnages au corps. De construire un design neuf d’un univers intouchable. Batman Damned profite des textures les plus vraisemblables, sensible à l’œil. Et le tout, dans un univers obscur et chaotique.
Cauchemar à lecture unique
Il a eu beau officier sur Batman avec son récit Broken City, Azzarello est bien décidé à renouveler sa vision du personnage, mais rien de sa vision générale. En avant pour du gras, crassou et pseudo intellectuel ! Sex, rock et drama !
Brian Azzarello est un scénariste fort d’un talent certain. Son récent travail sur son comics érotique Faithless (Image Comics) est superbe, mais plonge rapidement dans la vulgarité. Et c’est là le plus grand défaut de Batman Damned.
Avec Batman Damned, Brian Azzarello veut mettre en image le cauchemar de Batman. Bruce est poursuivit par son trauma, amplifié par un antagoniste, le Joker meurt, et il doit malgré lui collaborer avec d’autres personnages de l’écurie.
Mais tout cela manque cruellement de subtilité. La perte du Joker marque la perte de la raison de vivre de Batman, amenant à la fameuse scène de viol d’Harley. Le propos est bon. Son articulation baigne dans le mauvais goût.
Même chose pour la relation entre Bruce et ses parents. Le jeune Bruce pointant un revolver en plastique vers sa mère est une image symbolique exagérée. De quoi sa mère est censée avoir peur ? Pourquoi en vouloir autant à sa mère du départ de son père ?
A vouloir réaliser le cauchemar de la chauve-souris dans Batman Damned, Brian Azzarello a créé le cauchemar des lecteurs. Un cauchemar emprunt d’un sentiment de malaise.