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Cette fin d’année 2019 marque le lancement officiel des X-men de Jonathan Hickman ! Il y affirme une vision nouvelle de l’univers mutant, étendu par diverses séries secondaires. Mais ne pouvons-nous pas y voir la synthèse d’un long parcours mené par le scénariste ?

Le retour d’expérience : Jonathan Hickman et ses Avengers

Dans sa gestion de l’univers des X-men, Jonathan Hickman a préféré se reposer sur les scénaristes qui l’assistent. Il profite de tout un soutien pour s’approprier au mieux ce nouveau monde. S’approprier la franchise, c’est y laisser son empreinte. Marquer sa continuité. Et Jonathan Hickman sait parfaitement marquer les esprits en réinventant chaque titre sur lequel il a officié. Et lorsqu’il développe le sujet de l’univers étendu, Jonathan Hickman prend en exemple ses runs sur Avengers : l’un dans l’univers principal et un second dans l’univers Ultimate.

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Lorsqu’il parle de ses Avengers, Jonathan Hickman en parle comme un profond regret. Il considère ses Avengers comme un travail bâclé, la faute à une mauvaise organisation entre les différents titres. Une étrange considération de l’auteur puisque son passage est considéré comme le dernier grand run écrit sur la franchise.

Il écrivait à l’époque Avengers et New Avengers. Par la suite, vient s’ajouter Avengers World. Puis l’événement Infinity. Et tout ceci, pour déboucher sur Secret Wars. Sur près de trois ans, son oeuvre sur la licence est considérable, mais terriblement dense. D’autant plus qu’il se réfère aux Ultimates, faisant office de prologue à plusieurs intrigues d’Avengers. Toute une gestion que Jonathan Hickman considère comme ratée.

Avant d’arriver sur la gestion du titre phare de Marvel Comics, Jonathan Hickman a su se faire remarquer à travers des titres uniques. Il intégrait à ces titres une richesse unique, une réinvention pleine. Il a commencé avec les Secret Warriors, puis Fantastic Four. Son run a été sa première expérience à travers l’écriture de plusieurs titres parallèles, se complétant les uns les autres. Mais derrière cet échec, se cache un potentiel que le scénariste cherche à exploiter au mieux. Et l’expérimentation continue !

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Un univers à reconstruire

Son arrivée sur les X-men possède bien plus d’assurance et de stabilité. Il développe les X-men en connaissance de cause. Son introduction se fait sur deux titres, deux temporalités intimement liées. Elles possèdent des relations de par les protagonistes, l’univers, mais également les couvertures, conçues comme pour témoigner du parallèle entre les deux titres.

Lors d’une interview auprès de Newsarama, Jordan D. White, l’éditeur en chef de la franchise X-men, admet avoir passé énormément de temps avec Jonathan Hickman en ce qui concerne le calendrier de publication. De même que le contenu, il s’agit de fournir les éléments précis, organisés par le scénariste, au bon moment.

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En redéfinissant l’intégralité de cet univers, en le présentant tel qu’il le conçoit au lecteur, Jonathan Hickman affirme son concept neuf pour les X-men. Il nous fait oublier les dernières années difficiles pour les lecteurs des titres mutants.

Pour rappel, en 2015, après le départ de Brian M. Bendis, la franchise X-men ne possédait plus de titre phare, ni de ligne éditoriale. Dennis Hopeless, Jeff Lemire, Marc Guggenheim, Matthew Rosenberg et Tom Taylor se battaient pour influencer le plus possible l’univers mutant et conserver tel ou tel personnage. Une tension au sein de l’équipe qui a fait fuir Jeff Lemire après Death of X. Plus qu’un catalogue de comics, c’est toute une équipe de scénaristes qu’il fallait souder.

L’art de s’approprier un monde

Son idée première était de faire évoluer l’univers mutant dans l’immédiat. Il apporte dans House of X, avec Krakoa, une vision neuve. Un nouveau postulat capable de faire table rase des derniers événements discutables concernant les mutants. Audacieux mais fort de son potentiel, cette lecture plus naturelle fait sens.

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Il considère s’approprier un titre, un univers, avec ces idées folles qui vont constituer son empreinte sur l’histoire de ces personnages. Ici, une planète végétale mutante. Si d’autres scénaristes viennent l’assister dans l’écriture de cet univers, il laisse ce scénariste libre d’écrire ce qu’il souhaite à partir de sa situation initiale. Comme cela peut être le cas avec le récent titre Marauders écrit par Gerry Duggan. En tant que titre secondaire, il participe à la réécriture de l’univers X-men par Jonathan Hickman.

Tous rassemblés sous une même direction, au sein d’un même univers, mais dans des esprits, équipes et lieux différents, le catalogue mutant s’en retrouve parfaitement diversifié. En plus de laisser suffisamment d’espace à chaque auteur. Jonathan Hickman applique une leçon retenue de son expérience sur Avengers, et délègue la gestion du reste de l’univers à des collègues de confiance.

A SAVOIR : Krakoa est à l’origine une île. Suite à des essais nucléaires, elle s’est transformée en créature vivante. Krakoa a été le premier ennemi que les nouveaux X-men de 1976 ont affronté dans Giant-Size X-men #1.

Cependant, Jonathan Hickman n’est pas le premier à réinventer Krakoa. Jason Aaron en avait fait un élève dans son fameux run Wolverine and the X-men.

Les X-men et Krakoa : Influences de créations passées

Avant d’arriver sur les X-men, Jonathan Hickman venait de faire face à son plus grand regret : échouer avec les Avengers, alors que l’éditeur venait de lui confier le cœur de son univers. Cet échec va influencer grandement la nouvelle vision des X-men.

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Construire un empire

Son run sur Avengers menait l’équipe à s’étendre. Les vengeurs cherchaient à influencer le monde, grandir et gagner en force. Une force malmenée par le scénariste, lorsqu’il l’oppose à Thanos entre autres. Elle était devenue une société, la plus puissante, la plus évoluée. Tout un discours que nous pouvons retrouver avec les X-men de Jonathan Hickman.

A partir de House of X et Powers of X, les mutants ne sont plus une équipe. Ils sont un peuple. Leur évolution les amène à se développer plus encore, dans un semblant de paradis. L’univers mutant profite d’une élévation qu’aucun n’a connu jusqu’alors dans l’univers Marvel.

Affirmer sa grandeur

Le rapport de force est un autre point sur lequel mise le scénariste. Les X-men vont tirer parti de leur union et de leur empire. Deux éléments visés à travers les deux titres à succès de Jonathan Hickman : Fantastic Four et Avengers.

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Krakoa était une île. Elle devient une nation. Les mutants ont trouvé leur place. En quelques pages, Jonathan Hickman résout les principaux problèmes qui ont nourri les aventures des X-men depuis bien des décennies. Une hiérarchie se dresse dans l’oeuvre de Hickman. De la société secrète (Secret Warriors), il atteint la famille (Fantastic Four), de la famille il touche à l’équipe la plus populaire en essayant de conserver ces relations de proximité (Avengers), pour atteindre un statut quasi-divin avec ces mutants.

Il brasse avec les X-men l’ensemble de ces thématiques liées à ses productions passées. Mais s’ajoute à cela cette allure de socéité secrète. Un air familier à d’anciens projets du scénariste : Secret Warriors, mais surtout, S.H.I.E.L.D. . Comme les Inhumains, les X-men surplombent les humains. Hickman pose une problématique : le mutant est-il de nature supérieure de par ses pouvoirs ou sa capacité morale à protéger celui qui le déteste ? Et si le mutant venait à se comporter comme l’homme ?

Jonathan Hickman remet le statut de super-héros des mutants en question. Il s’accapare tous les genres qui composent l’ADN des comics mutants pour en développer une synthèse. Une synthèse de son parcours personnel en tant que scénariste, mais également historique. Avec à peine une dizaine de numéros, Hickman aborde la société mutante, sa question politique, sa puissance en tant qu’état indépendant, se relation au monde de l’homme tout en engageant sa dimension cosmique, technologique et génétique.

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