Forte d’une adaptation télévisée cette année, Stargirl n’est pas un personnage si jeune. Comme Harley Quinn, Stargirl existe déjà depuis plus de vingt ans. Une vingtaine d’années qu’elle est soutenue par des fans de tout âge. Une information qui peut paraître anodine, mais révélatrice des qualités du personnage qui puise ses origines des héros de la première heure : ceux du Golden Age. Pour s’y retrouver, voici un guide de lecture léger où est retracé l’histoire du personnage.

Contrairement à nombre de personnages, Stargirl est toujours restée secondaire et n’a pas connu d’événements canoniques profonds. Elle a pour fonction première d’incarner un esprit optimiste, et de maintenir ce positivisme à travers ses apparitions. Ce guide va recenser ses apparitions, et mettre plus ou moins l’accent sur la qualité de celles-ci. Vous remarquerez également que Stargirl est un personnage resté fidèle à ses valeurs et à ses affiliations.


I – Stargirl : la seule, l’unique

Stars and S.T.R.I.P.E. (1999)

La véritable origin-story du personnage qui a inspiré la série télé. Courtney Whitmore y fait sa première apparition, sous les crayons de Geoff Johns et Lee Moder. Fort en révélations, le titre est composé de 18 numéros et se veut être une réécriture de Star-Spangled Kid Comics, une revue des années 40 publiée par DC Comics. Il s’agit d’un jeune héros, porteur original du costume bleu et rouge étoilé de blanc.

Stars and S.T.R.I.P.E. #1, Lee Moder

Il était question d’une adaptation de personnages oubliés pour jouer sur la fibre nostalgique des lecteurs et en attirer de nouveaux. Stripsey devient STRIPE et range son pull-over rayé rouge et blanc au profit d’une armure moderne et massive. La dynamique du duo, avec un sidekick puissant et un leader en arrière-plan, fonctionne à merveille et tire son originalité dans un concept… vieux de 80 ans.

Contrairement à ce qu’est le personnage actuel, et comme vous pouvez le remarquer, il est question d’un héritage de Star-Spangled Kid, et non de Starman. Courtney se bat avec ses poings et ne possède pas l’artefact de Starman. C’est donc les véritables origines de Courtney, ses premiers pas dans l’univers super-héroïque.

Le duo plaît de suite et fait diverses apparitions. On peut le retrouver dans l’événement Day of Judgement, dans Impulse #61 – une belle réflexion autour du concept de sidekick – ou encore dans Superman : Man of Steel #110 pour un team-up des plus classiques face à Earthquake, dessiné par Doug Mahnke.

Vous pouvez lire l’intégralité de Stars and STRIPE sous forme de Trade Paperback. En revanche, ces numéros n’ont jamais été traduit. Mais il y a fort à parier que Urban Comics s’y intéresse selon la réception de la série télévisée en France.

JSA (1999)

jsa geoff johns david goyer
JSA #2, couverture d’Alan Davis

Courtney intègre rapidement la JSA en tant que Star Spangled-Kid. Elle s’y fait une place de petite jeune dans une équipe du troisième âge en pleine restructuration. En tant que jeune recrue, elle va tenter de s’imposer – comme lors du crossover Sins of Youth avec la Young Justice. Aussi anodin puisse paraître cet événement décomplexé, il impacte inconsciemment Stargirl. Après celui-ci, elle semble plus confiante dans son rôle de super-héros et son titre de membre de la JSA. Avec cette équipe, elle va connaître ses premiers moments, toujours en référant à son prédécesseur dans sa lutte contre Grundy dans JSA #29.

Plus le titre progressera, plus Courtney va développer une histoire personnelle l’écartant du simple héritage. L’arc Black Vengeance lui est pleinement consacré et met au défi son optimisme. En plus de cet impact dramatique, cette histoire la rapproche un peu plus d’un autre jeune membre de l’équipe.

Numéros recommandés :

  • JSA Secret Files #1
  • JSA #16-24 : The Return of Hawkman
  • JSA #25-31 : Fair Play
  • JSA #66-75 : Black Vengeance

Starman #80 : Le passage de flambeau II

Durant les premiers arcs de la JSA, Courtney possède quelques tensions avec un autre membre, fruit d’un autre héritage : celui de Starman. Starman et ses descendants, c’est une toute autre histoire relativement complexe. Toujours est-il que dans les années 90, l’univers DC est marqué par Starman. Personnage au costume rouge et à la cape verte, complètement démodé, son fils s’empare du sceptre et devient le nouveau Starman à son insu.

Starman #80, Peter Snejbjerg

Refusant à l’origine l’activité héroïque, alors que son frère David Knight meurt après avoir embrassé cet héritage et porté le costume. Jack Knight va devenir le nouveau Starman. Il suit de nombreuses aventures sous la houlette du scénariste James Robinson à son apogée, et du dessinateur Tony Harris. Lorsque l’équipe se reforme, il intègre la JSA. Mais peu de temps après, James Robinson fait ses adieux. Jack Knight devient jeune papa et refuse de faire subir à son fils ce qu’il a vécu avec son père. Ainsi, dans Starman #80, il appelle Courtney pour lui offrir cet artefact familial.

Courtney devient le symbole de l’héritage des héros des années 40. Star-Spangled Kid et Starman trouvent une nouvelle définition, alors qu’elle adopte le nouveau nom de Stargirl. Un numéro où elle tient une brève apparition, mais d’une importance capitale dans l’histoire du personnage.

Justice Society of America (2006)

Justice Society of America #26, Dale Eaglesham

Après les événements d’Infinite Crisis, Geoff Johns reforme la JSA sous le titre Justice Society of America. Flash, Green Lantern et Wildcat se retrouvent pour sélectionner les futurs membres de l’équipe qui ne changent qu’assez peu en comparaison avec le dernier numéro de JSA. Un tel motif est en réalité un prétexte à renouveler l’image de l’équipe. Geoff Johns créé alors une jeune héroïne rousse capable de contrôler le vent et qui, deveniez quoi, va se lier d’amitié avec Stargirl. Johns développe Stargirl, révèle un personnage qui a désormais ses repères au sein de l’équipe, qui est capable d’accueillir de nouvelles recrues et témoigner de son expérience.

Si la série se concentre sur l’équipe dans son ensemble, Stargirl reste une pièce essentielle. En cela, Geoff Johns clôt son run avec Justice Society of America #26 intitulé « My Heroes« . Il se focalise sur Stargirl, son évolution à travers des scènes anodines mais fortes en émotions. Les scènes du quotidien, dans l’écriture d’un super-héros importent énormément, et Stargirl, avec ce numéro évolue, de la manière la plus simple et banale. Et pourtant, il n’en faut pas plus pour bousculer un peu le lecteur. Les banalités créent une proximité incroyable. Et ce numéro nous rend plus proche que jamais de cette adolescente au cœur tendre.

Après ce dernier numéro écrit par Geoff Johns, Justice Society of America se poursuit jusqu’au #54. Stargirl y tient toujours une place, moins prononcée. Les auteurs se concentrent sur les fondateurs de l’équipe. Une sorte de machine arrière en comparaison aux démarches entreprises par Johns. Sans être affligeante, les auteurs suivants (Bill Willingham, Marc Guggenheim) sont en deçà des histoires exceptionnelles de Johns.

JSA All-Stars (2010)

JSA All-Stars #10, Freddie E. Williams III

Sous Geoff Johns, la JSA connaît un renouveau sensationnel. L’équipe n’avait pas connu ça depuis la All-Star Squadron de Roy Thomas en 1981. Si bien, que la JSA s’offre un titre secondaire. JSA All-Stars s’attarde un peu plus sur les jeunes membres de la JSA et inverse la tendance. L’image de la JSA est rajeunie (conséquence de Johns). Stargirl en devient un membre iconique et ne se sent plus en position d’élève. Courtney s’y forge un caractère grâce à l’influence de Power Girl et devient un temps, leader des jeunes membres. Il n’y a plus de JSA sans Stargirl.

Ecrit par Lilah et Matthew Sturges (Jack of Fables), ce titre est composé de 18 numéros. On note surtout une partie graphique aux couleurs vives et aux muscles saillants représentée par Freddie Williams III. Un titre dynamique, bien secondaire, mais qui développe certaines relations qu’avait introduit Johns dans le titre principal sans vraiment les mener à terme.


II – New 52 : Les Sentiers de Perdition

En 2011, Justice Society of America se termine. DC Comics lance ses New 52 et la JSA est remplacée par le titre Earth 2. Pas de Stargirl prévue dans cette réécriture rajeunie de la Justice Society of America retournée sur Terre-2. Il faudra attendre deux ans avant de la voir apparaître à nouveau sous la plume de Johns.

Justice League of America (2014)

Pour préparer l’événement Trinity War dans la précipitation, Johns lance Justice League of America. Une équipe de personnages secondaires, plus ou moins déroutants. On y retrouve des créations de Geoff Johns (Stargirl, Simon Baz), Catwoman, Green Arrow, Hawkman, Katana, Catwoman et Martian Manhunter en tant que leader de cette équipe gouvernementale.

Justice League of America #10, Eddy Barrows

Johns se retrouve face à une impasse avec Stargirl qu’il intègre malgré tout à l’équipe. Courtney est l’héritage d’un Golden Age que les New 52 ont totalement réfuté suite à l’événement Flashpoint – écrit par ce même Geoff Johns. Sans héritage, Courtney va avoir des origines simplifiées et extrêmement confuses. Si bien que certaines questions n’obtiendront aucune réponse.

Johns n’aura pas vraiment l’occasion de s’attarder sur son personnage. La gestion éditoriale de l’époque est catastrophique et tout doit mener à l’événement promis qu’a été Trinity War – qui initiera la succession d’échecs venus définir celui des New 52. Le scénariste laissera sa place à Matt Kindt, qui tentera tant bien que mal à élever la qualité du titre malgré les nombreuses limites imposées par l’éditeur.

Justice League of America est un échec concédé et s’arrête à son #14 juste après Forever Evil.

Justice League United (2015)

Justice League United #5, Cameron Stewart

Dernières apparitions du personnage, après son passage sur Justice League of America, Stargirl et Martian Manhunter se retrouvent perdus sans équipe à mener. C’est alors qu’une mission les attend et les pousse à rencontrer d’autres héros secondaires. Le principe est en soit le même que celui de Justice League of America (2014). Mais avec un concept sans restriction et aucune relation à un quelconque événement, et avec Jeff Lemire au scénario, Justice League United est un titre plus libre.

Le scénariste opte pour une construction progressive de l’équipe. Un déjà vu néanmoins efficace. Le premier arc sous-entend que la Justice League United soit une Justice League canadienne, mais Lemire opte pour une saga cosmique dantesque pour un second run étendu.

Avec Mike McKone aux dessins, Justice League United est une très belle surprise parmi les méandres des New 52. Autant le titre est de qualité (publié en France uniquement dans les Justice League Saga #16-27), autant Stargirl n’évolue pas et a depuis disparu des publications.

DC Bombshells (2015)

Pour maintenir une certaine exclusivité dans son offre digitale, DC Comics cherche des concepts à essayer. Marguerite Bennett est alors affilié au projet Bombshells. Il s’agit d’un univers situé dans les années 40, où le lecteur suit une réécriture des personnages féminins de l’univers DC.

Mené par Wonder Woman, on y retrouve Batwoman, Supergirl, Mera, Harley Quinn et Stargirl dans des versions bien différentes. Au delà de costumes revisités pour vendre des produits dérivés, DC Bombshells permet une véritable réinvention des personnages.

Née d’une mère russe et d’un père anglais, Kortni est élevée par sa mère. Forcées de fuir, elles s’exilent en Sibérie. Là bas, sa mère va tomber amoureuse et Kortni va vivre avec sa mère et son beau-père. Par la suite, le couple remarque dans un cratère un bébé. Une jeune kryptonienne nommée Kara qui deviendra la demi-sœur de Kortni.

Une fois adolescentes, elles s’engagent dans l’aviation et intègrent Night Witches, un escadron d’élite exclusivement composé de femmes. Mais suite à un accident, Kara a été forcée de révéler ses pouvoirs pour sauver sa sœur. Le gouvernement Russe souhaite les utiliser pour faire d’elles les héroïnes du peuple russe et confie à Kortni le bâton cosmique.

De cette situation, de nombreuses révélations vont émerger lorsque ce duo sera amené à rencontrer Wonder Woman et Mera. Mais ces origines suffisent à remarquer une modification totale des personnages dans cet univers. S’il manque bien des aspects autour de l’héritage, le personnage se définit surtout par son optimisme et son association avec Supergirl n’est pas anodin, les deux personnages partagent de nombreux points communs.

DC Bombshells est un titre léger, qu’on pourrait croire intéressant uniquement pour son design et son univers, mais est en réalité un elseworld passionnant et étendu. La scénariste livre un monde féministe renversant les clichés du comics mainstream.

Inédit en VF, il faudra vous tourner vers la VO. DC Bombshells est un titre au potentiel colossal que pourrait proposer Urban dans sa collection Urban Ink par la suite.


III – Autres apparitions : Séries TV et animées

Si notre petite blonde est une jeune création, il ne lui a pas fallu longtemps avant d’apparaître sur le petit écran ! Si je préfère d’ordinaire ne pas aborder les apparitions télévisées, Stargirl est un personnage qui en a rapidement profité et s’est frayé un chemin vers un média où elle a su se développer avec plus ou moins de brio. Le monde de l’adaptation est surtout la preuve de son évolution continue, jusqu’à devenir l’objet de l’adaptation en 2020.

Adaptations Animées : Justice League

Sa première apparition à l’écran date de 2004, dans la série animée de Bruce Timm, Justice League Unlimited. Elle y tient un rôle très secondaire et vient augmenter les rangs de l’équipe, principe même de « Unlimited » . La Justice League devient une véritable armée et prend en compte tout un univers au sein d’une seule et même série animée. Elle fait sa première apparition dès le premier épisode « Initiation » aux côtés de STRIPE.

Stargirl est même mise en avant dans les comics tirés de la série animée – bientôt disponibles en VF dans la collection Urban Kids. Elle fait équipe avec Aquaman dans Justice League Unlimited #11, et avec Crimson Avenger dans le #33. Ces comics ont pour but de présenter des personnages relativement peu connus et aperçus dans la série animée.

En 2010, Stargirl fait une brève apparition dans la série animée The Brave and the Bold. Elle fait équipe avec Blue Beetle dans la scène d’introduction de l’épisode 22 de la seconde saison. Malgré le peu de temps qui lui est consacré, l’écriture laisse transpirer un personnage jeune au fort caractère, agacé par l’immaturité de Jaime Reyes. Sans être pleinement out-of-character, cette introduction n’est pas représentative du personnage et de son caractère mais s’inscrit dans la longue liste des personnages présents dans cette série exceptionnelle qu’a été The Brave and the Bold.

Si elle fait une apparition succincte dans Young Justice en civil, elle tient une place plus importante dans Justice League Action (2019). Elle tient un rôle principal dans les épisodes 18, 29, 30 et 41. Dans cette adaptation, Courtney retrouve ce statut d’apprentie, de jeune héroïne. La série ne s’attarde pas sur les origines ni le symbole du personnage et met en avant son potentiel humoristique et sympathique. Elle propose donc une Stargirl plus légère en accord avec le ton de la série.

Adaptations télévisées

En 2010, alors que la série Smallville s’essoufflait sur la CW, Geoff Johns est engagé comme scénariste invité. Il intègre la Justice Society dans l’univers de la série avec les épisodes 11 et 12 de la saison 9. On y voit entre autres Dr. Fate, Hawkman et Stargirl, interprétée par Britt Irvin. Malgré le petit rôle joué, le personnage témoigne de nombreuses références à ses origines et quelques easter-eggs. Elle apparaît à plusieurs reprises dans la suite officielle de Smallville dans les comics, où elle intègre l’équipe des Teen Titans.

En 2016, Stargirl apparaît dans la seconde saison de Legends of Tomorrow et rejoint les nombreux héros du désormais appelé Arrowverse. Johns n’est pas impliqué dans le projet et son absence se ressent. Elle apparaît dans les deux premiers épisodes présentant la JSA et revient dans l’épisode 5 puis au final (ep. 11-12) de cette saison explorant les créations perdues de l’univers DC (JSA, Camelot 3000). Stargirl fait preuve de figuration et ne se démarque qu’à travers ses capacités et son jeune âge. Néanmoins, sa présence témoigne du pari réussi de faire de Stargirl un membre éminent de l’équipe.

En 2020, Stargirl est le fruit d’une collaboration entre la jeune plate-forme de streaming DC Universe et la chaîne CW. Produite par Geoff Johns lui-même, la série présente un univers dense et inculque au personnage l’héritage dont elle a été le fruit durant ses 22 années d’existence.

La critique du premier épisode.

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