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Cette semaine est sorti le premier épisode de la nouvelle production télévisée DC Comics. Sous la houlette de Geoff Johns, il y avait fort à parier que Stargirl allait être soignée par son créateur. Après un premier épisode, que penser de ce nouveau programme issu du DC Universe ?

Vous avez dit improbable ?

Prenez ce qu’il y a de plus complexe dans un univers super-héroïque – c’est à dire la continuité -, mélangez-la avec des séries secondaires tirées de l’âge le plus méconnu – c’est à dire le Golden Age – et situez cette nouvelle création à la fin des années 90. Vous obtiendrez Stargirl par Geoff Johns et Lee Moder. A création improbable, production improbable entre DC Universe et la CW laissant espérer le meilleur et craindre le pire, que nous annonce le premier épisode de Stargirl ?

Improbable, absolument. Alors que la plate-forme américaine DC Universe suit son rythme de diffusion hebdomadaire avec des productions neuves, la CW poursuit sa perte de vitesse. La première opte pour une approche plus sombre et sérieuse, la seconde pour un ton léger destiné à un jeune public. L’association est donc antithétique. C’était sans compter sur Geoff Johns. Producteur exécutif de la série, il opère notamment sur certaines productions des séries DC Universe (Doom Patrol, Titans, Harley Quinn) et a monté sa propre boite de production.

Véritable pilier et fin connaisseur de l’univers de DC Comics et de son histoire, il se démarque dans son oeuvre par de nombreuses références et réinventions de personnages âgés (JSA, Hawkman, Green Lantern). Stargirl est un épicentre, la source de lumière, dont l’histoire brasse celles de Starman et de la Justice Society. Johns greffe en Stargirl une part de son histoire personnelle – Courtney Whitmore est inspiré de sa défunte sœur en qui il voyait un optimisme sans faille.

A prendre ce qu’il y a de complexe et en y ajoutant plus de matière à cette nouvelle création, l’adaptation risquait bien d’appauvrir le personnage ou de perdre le spectateur avec un univers dense à introduire. Et pourtant, ce premier épisode annonce une éblouissante lueur d’espoir.

Stargirl : C’est l’histoire d’une ado…

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Stargirl, Brec Bassinger, Luke Wilson (2020)

La CW à la production et une histoire d’adolescente super-héroïne comme sujet, tout laisse penser à un mélange tordu entre Riverdale et Supergirl. Il n’en est rien. Stargirl raconte l’histoire de Courtney Whitmore. Sa mère s’est remariée, et Courtney ne parvient pas à accepter ce beau-père prêt à tout pour être accepté. Forcée de déménager, elle découvre un bâton au fort caractère et le passé super-héroïque de son beau-père, Pat Dugan alias Stripsey.

On pourrait facilement taper sur les facilités du scénario qui suit le genre de série destinée aux adolescents. On y retrouve les caractères types dans le nouveau lycée de Courtney : les reclus, les brutes, les cheerleaders. De même, les tensions familiales sont connues et on rentre dans le contexte désormais classique d’une famille recomposée. Néanmoins, la présence de ces clichés ne gène pas. Le scénario ne s’attarde pas sur le drame d’une situation et tente de trouver rapidement des solutions, révélant le bon fond de chaque personnage. L’optimisme est la clé et Courtney se trouve au cœur de ce nouvel âge qu’elle amorce à son insu.

Si elle se heurte à des problèmes ou des difficultés, elle trouvera quelque chose d’anodin pour retrouver le sourire. Elle essaie toujours de bien agir de nature. Et c’est là que se trouve le seul défaut de l’épisode. Il use de quelques rares coïncidences un peu folles. Seulement, ces coïncidences permettent d’établir une relation entre les différentes casquettes que possède Courtney : la fille aînée, la super-héroïne, la lycéenne. Il y a fort à parier qu’elles aient été jugées nécessaires pour tenter de simplifier l’intrigue et se concentrer sur les informations d’un univers jugé suffisamment étendu.

Stargirl, Brec Bassinger, Amy Smart (2020)

En tant que Courtney Whitmore, Brec Bassinger parvient à rayonner et enfile un rôle qui lui convient en tout point. Après visionnage, on comprend bien mieux les messages de Geoff Johns concernant le casting et son éloge de Bassinger. Elle incarne cette image de la petite sœur positive et porte fièrement ce premier rôle. Ce qui m’amène aux acteurs.

Le casting est surprenant. Les acteurs proviennent tous de séries généralement destinées à un jeune public. Il est difficile de juger d’un jeu d’acteur sur ce type de production et face à l’expérience, parfois minime, de certains acteurs. Mais l’illusion fonctionne. Et surprise, on évite le stéréotype du super-héros massif à la musculature sur-développée, avec en prime un petit tacle bien glissé à ce sujet dans la série.

La découverte du grand public, le plaisir nostalgique du fan

Cet épisode d’exposition s’intéresse bien plus à l’univers super-héroïque qu’à la vie de lycéenne de Courtney. L’introduction présente – brièvement – la JSA le jour de sa disparition. La fin de l’âge d’or, où l‘Injustice Society sort vainqueur l’affrontement, relativement violent et bien chorégraphié par rapport au reste du catalogue de la CW.

C’est bien le seul instant capable de perdre le spectateur. Et cette série a la bonne idée d’en faire le cœur du mystère, afin de distiller les informations que le nouveau spectateur devra assimiler. Elle réussit le pari fou de satisfaire le fan de longue date en lui montrant l’intégralité de deux équipes iconiques s’affrontant tout en captant l’attention du néophyte.

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Stargirl, Brec Bassinger (2020)

Le grand public va retrouver ses codes, améliorés par une production élevant la qualité de ses programmes. La réalisation est plus soignée, les effets spéciaux sont tout à fait respectables au vu de la quantité. Il va de soi qu’animer un univers entier et avec des scènes relativement gourmandes n’est pas aisé – d’autant plus pour une série télévisée.

On se plait à voir une adaptation fière du Golden Age, ère perdue au point d’avoir été rejetée par DC Comics depuis 2011. L’histoire met en avant le passé de Stripsey, devenu STRIPES. La série Stargirl ne rechigne pas face aux complications. Il est bien fait mention des comics des années 40, de Star-Spangled Kid, de la JSA, d’un sidekick plus âgé. Des éléments qui pourraient sembler ridicules aujourd’hui, mais qui nourrissent l’analyse qu’on peut établir du sidekick, de l’évolution d’un personnage.

Avant Starman, il y avait Star-Spangled Kid. C’est en rendant cette information canonique qu’on nourrit le passé d’un univers. En moins d’une heure, Stargirl se retrouve avec un sceptre puissant, un nouveau regard sur sa famille, mais surtout, elle a présenté et crédibilisé tout un univers super-héroïque d’une multitude de personnages. Et en cela, ce premier épisode de Stargirl est une parfaite introduction doublé d’une qualité d’adaptation impressionnante.

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