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Le Spider-verse était pourtant réduit à un événement appréciable pour sa capacité à renouveler le personnage de Spider-man dans son design et le décliner sous bien des formes. Mais depuis l’excellent film Spider-man Into the Spider-verse, l’univers de Spider-man repose pour beaucoup sur ses déclinaisons. Peter Parker, Miles Morales, Gwen Stacy, Mary Jane, Kaine, et j’en passe. Le Spider-verse est un peu la bonne excuse à multiplier les porteurs du masque. Est-ce un mal ? Absolument pas. Le Spider-verse est un élément neuf de l’univers de Spider-man, et pousse un peu plus la réflexion des responsabilités de chacun. Peter Parker n’est pas le seul à devoir en porter le fardeau. Sa philosophie touche chaque personne, au-delà de son simple monde. Le Spider-verse apporte plus de matière pour étoffer la réflexion première de Spider-man – et Spider-geddon va anéantir tout vos bons espoirs.

Scénario : Christos Gage – Dessins : Clayton Crain, Jorge Molina, Carlo Barberi, Todd Nauck, Stefano Caselli, Joey Vazquez

Publié dans les magazines Spider-geddon 1-3 (Panini Comics)

Spider-verse / Spider-geddon : Une comparaison qui fait mal

En 2014, Spider-verse se présente avec une multitude de nouveaux personnages. Le pari est risqué, certes, mais grâce à une multitude d’équipes artistiques, chaque personnage trouve son identité. L’éditeur parvient à recréer Spider-man et sous des angles extrêmement différents. Spider-geddon tente d’étendre le concept, de renouveler le succès. Encore fallait-il comprendre ce qui en avait fait un succès. Était-ce la chasse à l’araignée ? Ou bien ces nouveaux personnages ? Ou encore les liens créés entre eux ? Car s’ils ne se connaissent pas, des connexions sont établies par des similitudes dans les histoires respectives à chaque version. Spider-geddon mise tout sur la création de personnages et sur le retour des mêmes antagonistes, le condamnant à n’être que l’ombre de son prédécesseur.

Car Spider-geddon ne possède pas de créations marquantes. Il introduit ce Spider-man du fameux jeu, qui ne prend que très peu de libertés en comparaison à l’original. Cette version n’a servi qu’à promouvoir le Spider-geddon #0 et la mini-série dérivée du jeu City At War inspirée de l’histoire principale. Les véritables créations se font particulièrement discrètes, en plus de ne profiter d’aucune personnalité définie. Un jeune Peter Parker anti-héros, un autre astronaute. Sans profondeur, aucune attache n’est créée, et leur design indiffère. Tout le contraire des quelques qualités qu’on pouvait trouver à l’événement précédent.

Il serait bon d’être méchant

S’ajoute à cela l’absence de menace sérieuse. Spider-verse a fait des victimes, des Peter Parker sont morts à travers plusieurs mondes. Il était véritablement question d’une chasse, avec des araignées qui peinaient à s’en cacher et qui tremblaient de peur. Avec Christos Gage, le ton est bien plus léger, et nous pouvons nous considérer heureux d’avoir une victime à déplorer.

De plus, le retour des Inheritors est une erreur majeure. Il laisse à penser qu’il s’agit de l’unique menace du Spider-verse. Comme si l’univers de Spider-man ne tournait qu’autour de cette menace, qui se voulait si imposante, secrète, et dans un rapport de force démesuré dans le premier événement. De plus, c’est oublier Kraven et sa bonne famille, dont les Inheritors semblaient déjà n’être qu’une pâle copie.

La crainte, pourtant déjà minimisée dans Spider-verse, l’est ici encore plus. Le clan est affaibli, et souffre d’une écriture lui faisant perdre tout le prestige que Dan Slott pouvait leur apporter. La dimension aristocratique est mise de côté au profit du repère secret le plus commun, les réduisant plus à de simples vampires qu’à des chasseurs. La menace perd donc en importance, mais disparaît dans un ridicule remettant en question le rapport de force entre l’araignée et son prédateur.

Spider-geddon, univers de déception

Comme tout événement, la promotion promet de grands changements, des conséquences. Ces même promesses émises depuis des années. Spider-geddon n’y fait pas exception. Mais l’événement déçoit plus encore. S’il ne tient pas ses promesses, comme tout autre événement estival grand public, Spider-geddon ne parvient pas non plus à tenir ce rôle d’événement estival plaisant, faute de personnages vides de toute consistance, comme les Inheritors, mais aussi les Spider-men d’autres univers.

Le scénario manque de connexions logiques. Les personnages fonctionnent en équipes, et pour la plupart, en duo. Les échanges sont formatés, et tout pousse à percevoir le récit comme un fan-service extrêmement simple. Le fan-service est évident, à travers la création de Spider-Gwen comme de Spider-girl, il est omniprésent et transpire à travers l’ADN du Spider-verse. Spider-geddon exagère plus encore le trait, jusqu’à rompre toute illusion. Si Ben Reilly est avec Superior Spider-man, ce n’est que par intérêt scénaristique. Si les Spider-Girl se retrouvent ensemble, c’est pour jouer sur le nom pour une mini-série. Et ce jusqu’à la conclusion facile, voir tirée par les cheveux

A travers ses interviews, Christos Gage ne parle de Spider-geddon que comme un événement « fun ». Il n’a conçu Spider-geddon (sur un plot de Dan Slott) que par plaisir de jouer à son tour avec ce Spider-verse, en insistant sur le fait d’introduire son Spider-man (PS4). Toujours est-il que Spider-geddon souffre énormément de la comparaison, et fleure bien plus la commande de l’éditeur plutôt que le projet personnel.

En somme, Spider-geddon n’est rien de plus qu’un événement cherchant à tout prix à être « fun ». Mais qu’est-ce que le « fun » ? Comment le provoquer ? Un événement grand public « fun » ne consiste pas en un simple fan-service. Auquel s’ajoute la flambée de défauts d’écriture, rendant la lecture difficile. Préférez la série régulière de Nick Spencer.

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