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Après l’invasion des Skrulls lors de Secret Invasion, Norman Osborn devient le héros de la nation en sauvant le monde et révélant l’inefficacité de nos héros. Il devient Iron Patriot, substitut d’Iron Man associé au symbole patriotique de Captain America. Ainsi, arrive le Dark Reign. Le règne de Norman Osborn. Il créé ses Avengers, des criminels et mercenaires prenant l’apparence des héros les plus célèbres. Mais avec l’événement Siege, Norman est déchu et Iron Patriot devient la propriété de l’armée américaine.

Réinvention logique en accord avec son sujet

Publiée en 2014, cette mini-série Iron Patriot se place alors dans une continuité assez complexe à saisir. Iron Patriot est un message manipulé par différentes personnes et se retrouve aux mains de ceux à qui profite le mieux ce message : l’armée. Dans le cours des choses, le porteur de l’armure se trouve être en toute logique James Rhodey Reyes, l’ancien War Machine.

iron patriot iron man

Cet ami proche de Iron Man a toujours eu cette image du bon soldat. Il a porté l’armure d’Iron Man pour le remplacer, est devenu un double pour l’assister, mais a toujours cherché à utiliser la technologie d’Iron Man pour protéger le pays. Cette divergence les a d’ailleurs souvent amenés à s’opposer.

Iron Patriot reste dans la lignée de War Machine. Une armure au service d’un pays, offrant à Rhodey une lecture patriotique bien plus affirmée et bien moins froide comme pouvait l’être l’armure noire et glaciale de War Machine. Et ce patriotisme est un sujet tout trouvé pour cette mini-série.

Jusqu’où un soldat est prêt à aller pour sauver son pays ? Avec Ales Kot au scénario, il sera toujours question de faire des choix, et Rhodey sera bien un pantin manipulé face à des dilemmes auxquels il ne peut se résoudre à répondre. Le scénario fait de Iron Patriot un Iron Man de plus, mais un Iron Man imparfait.

iron patriot garry brown

Malgré un antagoniste forçant la progression de l’histoire et quelque peu anecdotique, Ales Kot parvient à créer les situations voulues, interrogeant avec subtilité les dangers d’une vocation et l’équilibre complexe entre la vie professionnelle et la vie personnelle. Avec ce comics, Iron Patriot se démarque bien des comics de super-héros. On y suit un simple soldat profitant d’une faveur, mais victime de la vie et de ses idéaux.

Comme défendre les valeurs d’un pays si on ne peut soi-même appliquer ces valeurs auprès de notre famille ?

Sous le patriotisme, une histoire de famille

Le scénariste Ales Kot va venir troubler sa vision parfaite des choses en explorant ses relations avec sa famille. Il ramène le père de Rhodey, Terrence Rhodes, qui n’était apparu auparavant que dans les épisodes #12 et 13 de War Machine en 1995. Se développe rapidement une relation père/fils houleuse et révèle le caractère bien trempé de chacun.

Iron Patriot marque la création de la nièce de Rhodey, Lila Rhodes. Au cœur de l’attention, elle est la soudure permettant maintenir ce père et ce fils ensemble. Petite génie de l’informatique, elle va rapidement coller à ce personnage casanier et particulièrement doué en ce qui concerne la manipulation de nouvelles technologies.

A travers ces personnages, Ales Kot va, bien entendu, brasser quelques clichés. Mais son écriture va en adoucir les angles et faire de ces profils types des acteurs logiques face à des climax particulièrement efficaces. Lila va décortiquer l’armure par simple curiosité. Ce talent n’est pas sorti de nulle part et s’explique par un caractère et un mode de vie qu’elle adopte et qui inquiète son entourage. Ales Kot injecte une grande part de bon sens chez des personnages dont le souci de l’autre les amène à se frotter à des dangers les dépassants.

Sombre patriotisme

Sous les couleurs chatoyantes de l’armure de Iron Patriot, ce récit ne cache pas véritablement son air grave. L’image patriotique ne se ressent que dans le premier chapitre. Il n’est pas pour autant délaissé par la suite, mais est plus l’objet d’une réflexion qu’une véritable illustration du patriotisme.

iron patriot ales kot

Ales Kot ne joue pas sur le second degré. On ressent même un scénariste aux mains quelque peu liées par un juste retour des choses obligatoires. Néanmoins, il s’en sort avec brio profitant d’un statut très secondaire de l’univers de War Machine et des premiers pas d’Iron Patriot pour s’octroyer quelques libertés choquantes.

Orienté vers le drame et la part sombre du patriotisme, cette mini-série profite des illustrations de Garry Brown. Son trait brutal et son encrage viennent assombrir les couleurs d’un drapeau mensonger. Cet aspect brutal domine un titre à l’encrage épais. Des formes simples mettant en avant l’effet plutôt que la forme.

Les visages sont anguleux. Les ombres exagérément représentées, générant même des effets de vitesse. Mais faut-il s’étonner de voir un titre d’Ales Kot s’écarter des codes du comics mainstream ? Ales Kot est une étoile montante du comics indépendant.

En 2014, il travaillait chez Marvel sur des projets secondaires, où il travaillait avec des artistes ayant une identité propre et un style en accord avec son sujet. Il insuffle à sa mini-série une manière plus réfléchie de lire ce qui n’était alors qu’une pâle copie de Captain America doublé de la technologie d’Iron Man.

En cela, même si Iron Patriot n’est pas le comics parfait, ni même le meilleur d’Ales Kot, il est un caillou résultant de toute une histoire, une série d’événements majeurs. Ce qui fait d’Iron Patriot un récit qui demande une bonne connaissance de l’univers Marvel et de son contexte. Il en reste un message fort posant de réelles problématiques au delà du patriotisme et de sa morale déjà vue tout comme sa critique.

Cette critique vous a donné envie de lire ? Cette histoire a été publiée en France dans Iron Man Hors-Série #5 paru en 2014.

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