• Auteur/autrice de la publication :
  • Post category:Critiques
  • Commentaires de la publication :0 commentaire

Les Inhumains n’ont connu qu’un bien maigre succès, qui plus est, de courte durée, avec les espoirs de Marvel Studios. L’éditeur semble ne pas perdre de vue le potentiel de l’équipe, et réitère les titres plus ou moins réguliers comme nous avons déjà pu le voir avec Karnak. Parmi ces séries, se dresse la mini-série Inhumans : Rois d’hier et de demain, qui a trouvé son chemin menant à sa publication française chez Panini Comics.

DÉFINIR UN POINT DE DÉPART

Avec Christopher Priest aux commandes, les Inhumains semblent tenir là un grand potentiel exploité par un scénariste reconnu ayant déjà officié à la fois chez Marvel (Black Panther) et chez DC Comics (Justice League, Deathstroke Rebirth). Il renoue ici avec Marvel pour une mini-série laissant, à priori, libre choix au scénariste des sujets à traiter et de la direction à prendre chez les Inhumains. On reconnaît bien l’auteur dans son choix d’explorer l’univers et sa mythologie sous un angle nouveau. On connaissait jusqu’alors Flèche Noire (Black Bolt) en tant que roi allant à la rencontre des Quatre Fantastiques – qui marquait la première apparition des Inhumains par Stan Lee et Jack KirbyChristopher Priest décide de leur imposer une exploration du monde terrestre bien avant son accès au trône.

Explorer le passé des personnages et d’un univers, voilà un concept réchauffé usé par nombre de licences principales comme secondaires. Seulement, les Inhumains ont bien plus de potentiel qu’on ne le croit et reste encore ici sous-estimé. Le propos et l’exploitation du passé des personnages s’avère très limitée. Christopher Priest se perd rapidement. Une fois passée une introduction efficace sur fond d’héroïc-fantasy et de destin royal, Black Bolt se retrouve envoyé sur Terre avec son frère et Medusa.

L’histoire prend alors un virage désolant et convenu, néanmoins logique. Car cette aventure insolite en contraste avec nos attentes d’un récit sur les Inhumains se réfère en réalité à une série du début des années 2000 intitulée Young Inhumans et un rituel instauré qui consiste à découvrir la société humaine et d’en rapporter des informations sur leur comportement et leur évolution.

Balade sauvage

Black Bolt et ses alliés vont visiter la Terre, découvrir ce monde qui leur est jusqu’ici inconnu. C’est alors une approche décomplexée au possible prédomine le titre. On s’écarte pleinement du sujet d’origine, à savoir, l’ascension de Black Bolt. Mais on ressent un grand travail de recherche apporté par l’auteur (le roi Inhumain, une écriture très fidèle des personnages, …) pour nourrir cette sensation de royaume et d’un univers lorgnant du côté de la fantasy. Malgré quelques références à ce genre pour le moins intéressant, le récit l’écarte rapidement pour un récit de voyage.

L’intrigue va tourner autour des figures principales de l’univers des Inhumains. Mais dans le souci de n’en écarter aucune, l’histoire tombe rapidement dans une forme d’exploitation de personnages pour Triton et Karnak, mais aussi de l’univers partagé avec quelques incohérences (une rencontre avec Spider-man). Il en va de même pour la séance d’entrainement des deux princes sur Terre. Plus dérangeant encore, cette fin à moitié ouverte, ou à moitié fermée, témoigne du manque d’assurance de l’auteur – n’assumant en rien la direction choisie alors que le ton était, pour la première partie, léger mais très agréable. De quoi scinder en deux cet album pourtant uni grâce à une identité graphique douce et colorée.

Cette incertitude va quelque peu gâcher ce superbe travail de Phil Noto. L’artiste opte pour une représentation générale épurée en accord avec son style faisant ainsi ressortir certaines inventions bien pensées, comme des titres imbriqués dans le décor, mis en valeur par le plan et en accord la scène. Comme à son habitude, l’artiste émerveille avec ses couleurs pastelles, ses crayonnés fins. Il a revu pour l’occasion les designs des personnages, et est parvenu à trouver la demi-mesure pour Black Bolt entre l’apparence juvénile et cette aura propre au personnage lui conférant cette audace et cette présence forte. Fidèle aux costumes d’origine, il s’agit bien de revoir la forme des visages, et l’apparence générale des personnages.

L’approche juvénile aurait pu être une véritable erreur, mais ce récit n’est en rien une insulte à la licence. Il en est même un apport intéressant sous forme de petit road-trip adolescent, qui se base sur des acquis et présente les différents caractères différents qui composent cet univers. On ressent dès lors les tensions fraternelles mais également une relation qui ne peut renier les liens de sang.

Il en va de même pour les relations amoureuses et les intérêts qui ont toujours dictés cette appendice de l’univers Marvel. Un traitement qui résume parfaitement cet album. Un récit accessible à tous, un point d’accès efficace, et susceptible de satisfaire les connaisseurs par une présentation d’un passé reflétant déjà une version adulte connue.

Cette mini-série réussit tout ce qu’il y a de plus complexe pour une histoire des Inhumains : une écriture précise des personnages, un concept intéressant, un style graphique original. Il est vraiment dommage que Christopher Priest ait opté pour un récit malheureusement sans conséquence. Le titre avait le potentiel de marquer l’histoire des Inhumains. Il faudra se contenter d’un moment agréable à admirer les planches, cachant un profond regret de ne pas lire un récit capital.

Laisser un commentaire